Origine des préférences et systèmes de défense

Enfants qui se défendent

Origine des préférences et systèmes de défense

La question de l’origine des préférences revient souvent dans la bouche de nos participants. Elle est d’ordre philosophique car indécidable. 

On peut soutenir la thèse de la pure innéité des préférences en les considérant comme essentielles. Le sujet les recevrait clés en main à sa naissance. Il serait génétiquement doté de forces naturelles, de dispositions qui déterminent ensuite l’ensemble de sa personnalité et de ses qualités.

On peut aussi faire remonter les préférences très haut dans l’existence, à un stade primordial, immémorial et inconscient du développement personnel. Les préférences ne seraient pas à proprement parler innées et préexistentielles, mais la résultante de tactiques de défense archaïques mises en place très tôt par le nourrisson pour se protéger de l’oppression du monde. Les préférences seraient ainsi une construction réactionnelle primitive servant à gérer les peurs. Suivons le fil de cette seconde hypothèse en l’appliquant aux quatre grands types de profils TLP.

Systèmes de défense des différents Talents

Les profils verts se défendent en s’adaptant et en se rendant agréables. Ils se mettent à la place d’autrui, écoutent et cherchent à comprendre dans l’espoir de faciliter la relation et d’accommoder les choses, dans un rapport équilibré donnant donnant. Ils nourrissent l’idée que les hommes sont globalement bons et conciliants, et qu’il est toujours possible de trouver un terrain d’entente si on est prêt à céder un peu de terrain et à faire preuve de fairplay. Ils sont pris au dépourvu lorsque certains avancent égoïstement bille en tête sans tenir compte des autres. 

Les profils jaunes, eux, se protègent en s’évadant. Ils fuient par l’esprit dans la contemplation et dans la connaissance. Ils s’éloignent par le rêve, par le rire, par toutes les formes de la distanciation, du recadrage cognitif et de l’interprétation qui détournent et soulagent de la rude confrontation avec le monde. L’échappatoire intellectuelle les prémunit du contact avec la réalité brute. L’imaginaire et le symbolique les déplacent dans un ailleurs, dans un monde idéal qui les maintient à l’écart des vicissitudes de l’existence.

Pour les profils rouges, la meilleure défense, c’est l’attaque. Ils prennent les devants, déplacent si possible les enjeux pour imposer leur stratégie et pouvoir conduire le cours des choses. Ce qu’ils redoutent et veulent éviter à tout prix, c’est de suivre et de subir. « Never explain, never complain ! » disent volontiers les profils rouges. Ils aiment le risque et l’émulation de la compétition. On les retrouve volontiers dans des rôles de dirigeants qui leur offrent l’avantage de jouir de marges de décision et de pouvoir.

Les profils bleus s’abritent dans le donjon de la sûreté et de la conformité. Avec le surmoi aux commandes, ils font le maximum pour être eux-mêmes « dans les clous » et pour que tout fonctionne selon les règles. Il se réfèrent à des données précises, à du connu, à de l’utile, à du consistant. Ils respectent l’ordre établi, s’en tiennent aux normes et aux décisions prises. Ils fuient l’incertitude et le doute, les imprévus, tout ce qui est hors système et hors de contrôle. 

Apprendre à gérer la peur

Dans un coaching, il est intéressant de suggérer au sujet de se placer face à une situation très menaçante qui le contraint à réagir vite, et de voir la tactique qu’il choisit pour répondre au danger. On peut vérifier que tendanciellement

  • le profil bleu en appelle d’abord à l’ordre de la loi ou de l’usage, qu’il faut appliquer sans sourciller, 
  • le profil rouge voit comment résister et contrattaquer avec des mesures fortes,
  • le profil jaune propose de prendre le temps de chercher une solution originale et intelligente qui permettra de sortir de l’impasse, 
  • le profil vert invite à trouver un moyen diplomatique qui favorise un accord entre les deux parties.  

 

On peut ensuite demander au sujet s’il sait à l’occasion changer d’énergie et de système de défense. Demander par exemple

  • à un vert ou à un jaune s’il est prêt à s’opposer et à combattre résolument, à l’instar d’un rouge, 
  • à un bleu s’il est prêt à différer sa réponse pour concevoir une solution nouvelle, ou même à « laisser tomber » et à oublier, à l’instar d’un jaune,
  • à un rouge s’il est prêt à céder du terrain pour trouver un arrangement à l’amiable, à l’instar d’un vert,
  • etc.

En résumé, dans un coaching, il est fécond d’identifier la tactique de défense spontanément mise en œuvre par le sujet pour d’une part valider ses préférences, et d’autre part l’interroger sur les tactiques alternatives qu’il pourrait expérimenter.

Olivier Wyler, 17 décembre 2021